ANNEXE I

 

 

No.1/93

 

                                                  COMMUNIQUE DE PRESSE

 

 

        Pendant plus de trois mois, la Commission interaméricaine des droits de l'homme a sollicité à plusieurs reprises le consentement du Gouvernement de facto d'Haïti pour réaliser une visite en Haïti et pouvoir vérifier in situ les nombreuses dénonciations reçues au sujet de violations des droits de l'homme attribuées à des actions répressives des Forces armées, de la police et de groupes civils auxiliaires qui opèrent sous leurs ordres. La CIDH a fait part au Gouvernement de son intention d'effectuer deux visites: une première, de nature exploratoire prévue du 13 au 15 décembre 1992 et une visite in loco qui devait avoir lieu du 11 au 15 janvier de l'année en cours. Le Gouvernement de facto n'a toujours pas accordé l'autorisation demandée. Au contraire, le 8 décembre, la CIDH a reçu une communication du Ministère des affaires étrangères informant que la date de ces visites seraient notifiées dans les jours suivants; cependant, ce n'est qu'un mois plus tard que les autorités de facto ont répondu que "la visite de la Commission interaméricaine des droits de l'homme paraissait inutile au Gouvernement haïtien".

 

        Les dénonciations faites par les victimes elles-mêmes ainsi que les informations provenant de sources dignes de foi indiquent que de nombreuses personnes ont été exécutées sommairement, détenues illégalement, maltraitées et torturées par des membres des Forces armées et la police. Dans la majorité des cas, les victimes étaient des partisans du Président déchu Jean-Bertrand Aristide et dans d'autres cas, il s'agissait de gens soupçonnés de l'appuyer. Les manifestations et réunions ont été suprimées violentemment et il a été interdit aux journalistes de diffuser les faits.   Un grand nombre de victimes de ces violations comprend des dirigeants ou des membres d'organisations populaires et de droits humains, des étudiants, des journalistes, des commerçants, des paysans et des membres de l'église catholique.

 

        Dans les régions rurales, la répression et la violencee se sont aggravées avec le rétablissement des "chefs de section" qui agissent avec l'assentiment des militaires et en toute impunité. Tant dans la capitale du pays que dans la province, la population est victime de la corruption exercée par les autorités de facto, ainsi que des extorsions effectuées par les militaires aux civils auxquels sont exigées des sommes d'argent s'ils veulent éviter d'être détenus ou maltraités, ou simplement pour améliorer les conditions dans lesquelles ils se trouvent dans les centres de détention et même parfois pour obtenir leur liberté.

 

        Le climat de crainte et d'insécurité qui prévaut dans le pays a forcé une grande partie de la population, notamment celle qui appuie le retour d'Aristide, à se déplacer, en quête de refuge vers l'intérieur du pays. Ils ont été obligés d'abandonner leur foyer et à rester sous couvert sur une base permanente. Cette situation a obligé également un nombre élevé d'haïtiens à fuir du pays dans de frêles embarcations pour solliciter asile aux Etats-Unis.

 

        La pratique de la "répression préventive" dirigée contre la population civile et la détérioration de la situation politique ont provoqué des violations continues des garanties individuelles, à savoir le droit à la vie, à l'intégrité physique, à la liberté individuelle, à la liberté d'opinion et d'expression, ainsi qu'à la liberté de réunion et d'association. Tous ces droits sont protégés par la Convention américaine relative aux droits de l'homme à laquelle Haïti est partie.

 

        La Commission doit rappeler qu'indépendamment de la situation politique prévalant dans un Etat partie, la Convention américaine continue de produire ses effets. En conséquence, la Commission souligne que ceux qui exercent le pouvoir dans un Etat, même à titre de facto, ont pour obligation de respecter les droits individuels reconnus par la Convention américaine relative aux droits de l'homme.

 

        La Réunion Ad-hoc des Ministres des relations extérieures a adopté le 13 décembre 1992 la résolution "Rétablissement de la Démocratie en Haïti" (MRE/RES. 4/92), par laquelle elle a décidé "De charger le Président de la Réunion Ad-hoc des Ministres des relations extérieures et le Secrétaire général de l'OEA de coopérer aux démarches du Président de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, en tenant compte des graves et persistantes violations des droits de l'homme en Haïti, et face au refus des présentes autorités de facto d'autoriser la Commission à réaliser une visite in loco dans les plus brefs délais".

 

        La Commission interaméricaine des droits de l'homme est fermement déterminée à se rendre en Haïti afin de mener une enquête sur le terrain au sujet des graves violations dénoncées et face au refus du Gouvernement de facto de coopérer avec la Commission, elle renouvelle son appel à tous les organismes non gouvernementaux, des droits de l'homme, particulièrement ceux qui fonctionnent en Haïti, ainsi qu'aux victimes et à leur parents et en général à tous ceux qui, suite à la crise politique, ont été victimes d'une violation quelconque de leurs garanties individuelles, pour qu'ils soumettent leurs plaintes à la CIDH.

 

        La Commission interaméricaine des droits de l'homme lance un appel audit Gouvernement de facto et notamment aux Forces armées, pour qu'elles mettent fin à leurs violations systématiques des droits de l'homme dont est victime la population haïtienne.

 

 

 

Washington, D.C., le 8 janvier 1993

 

 

 

 

                                                    ANNEXE II

 

 

4/93

 

                                                  COMMUNIQUE DE PRESSE

 

 

        La Commission interaméricaine des droits de l'homme est profondément préoccupée par les violations systématiques des droits de l'homme, dont les citoyens haïtiens continuent d'être les victimes.  En particulier, elle tient à condamner énergiquement les récents incidents qui se sont produits le 25 février 1993 devant la Cathédrale de Port-au-Prince.

 

        La Commission est informée des détentions illégales et des mauvais traitements infligés aux personnes qui participaient le 25 février à la messe offerte, à la mémoire des victimes du naufrage du bateau Neptune.  Selon les plaintes reçues, au moment où il sortait de la Cathédrale, Mgr Willy Romélus, archevêque de Jérémie, a été frappé et sa soutane déchirée par des hommes armés.  Parmi les détenus, il a été possible d'identifier Eldride Jean, Julienne Charles, membres des communautés ecclésiastiques de base (TKL) et Pharnès Jan, qui a été brutalement frappé et conduit ensuite au Pénitencier national.  Selon les informations reçues, M. Pharnès Jan a été si brutalement frappé que sa santé exigeait des soins médicaux urgents.  Mme Arlette Josué, journaliste de "Signal FM" et de la Voix de l'Amérique a été également détenue en même temps qu'un séminariste, à la sortie de la Cathédrale, et maltraitée durant l'interrogatoire au Service d'investigation Anti-gang.

 

        La Commission a été également informée de la répression exercée par les militaires à Jérémie durant les premiers jours du mois de mars.  De nombreux jeunes gens ont été détenus et frappés par les militaires, selon des sources dignes de foi, et seulement quelques-uns d'entre eux ont été libérés.  M. Patrick Bourdeau a été tellement torturé pendant sa détention qu'il ne peut plus marcher.  Des détenus sont encore incarcérés, en violation des prescriptions constitutionnelles limitant à 48 heures la durée de la détention préventive.

 

        La Commission interaméricaine des droits de l'homme invite instamment les autorités de facto à libérer immédiatement les personnes qui sont illégalement détenues et à respecter leur intégrité physique.  En outre, une fois de plus, elle insiste auprès des Forces armées pour que, selon le prescrit de la Convention américaine relative aux droits de l'homme, cessent les violations des droits fondamentaux de la population et que soient respectées les garanties individuelles consacrées dans cet accord international, auquel Haïti fait partie.

 

        La Commission des droits de l'homme demeure fermement résolue à se rendre en Haïti pour mener une enquête sur le terrain au sujet des graves violations dénoncées.

 

 

 

Washington D.C. 5 mars, 1993

 

 

 

 

 

 

                                                   ANNEXE III  

 

 

                         DECLARATION DE LA COMMISSION INTERAMERICAINE

                                                   DES DROITS DE L'HOMME  

 

        Ayant pris connaissance de la grave situation interne d'Haïti et des dénonciations et requêtes qu'elle a reçues, l'exhortant à prendre des mesures d'urgence quant au sort, à la sécurité et à l'intégrité des réfugiés de la mer dont le nombre ne cesse d'augmenter, la Commission interaméricaine des droits de l'homme appelle l'attention des gouvernements du continent pour que, en application des obligations qui leur incombe en vertu de la Déclaration américaine des droits et devoirs de l'homme ou de la Convention américaine relative aux droits de l'homme, selon le cas, du Statut des réfugiés et des principes et normes du droit international humanitaire, ils prennent les mesures d'urgences jugées nécessaires pour épargner les dangers et les souffrances aux Haïtiens qui se voient forcés de s'enfuir du pays pour échapper à la répression et à la persécution auxquelles les soumettent les autorités de facto, et qui ont été ou sont rapatriés.

 

        Le 24 mai 1992, devant le nombre important d'Haïtiens qui essayaient d'arriver par mer aux Etats-Unis, le Président de ce pays, George Bush, a émis un décret en vertu duquel il a autorisé les Garde-côtes américaines à refouler directement vers Haïti tous les émigrants repêchés en mer.  D'après les chiffres fournis par le Gouvernement des Etats-Unis, 30,340 personnes avaient été renvoyées en Haïti à la fin de janvier 1993.  En plusieurs occasions, des groupes non gouvernementaux des droits de l'homme ont signalé à la Commission que les normes du droit international ainsi que les lois américaines interdisent de renvoyer ou d'exposer les refugiés au danger de représailles sans leur donner la chance de prouver les mérites de leur demande d'asile.

 

        Comme l'ont souligné les rapports de la Commission et d'autres organismes des droits de l'homme, une répression préventive sévit sans arrêt en Haïti depuis le coup d'Etat de septembre 1991, c'est-à-dire, non pour punir d'un fait actuel ou commis dans le passé, mais pour empêcher la possibilité de manifestations populaires et de mouvements de protestation.  Les habitants des quartiers démunis et les paysans qui ensemble constituent l'immense majorité de la population, vivent non seulement dans un état de pauvreté extrême, mais également dans la crainte permanente d'être détenus, torturés ou assassinés.  A ceci s'ajoute l'extorsion dont ils sont victimes:  bon nombre d'entre eux doivent payer les forces de sécurité pour ne pas être poursuivis, pour échapper aux mauvais traitements, pour rendre moins pénibles les conditions de leur détention ou simplement pour obtenir leur mise en liberté à la suite de leur détention arbitraire.  Une telle situation est doublement pénible pour les habitants pauvres d'Haïti qui, d'une part, sont victimes de violation de leur vie, de leur intégrité et de leur liberté personnelle, et qui de l'autre, finissent par se voir contraints à rendre ou à vendre toutes leurs possessions et à vivre dans la plus totale indigence.

 

        La Commission estime qu'outre les actions urgentes que doivent prendre les gouvernements du continent pour faire face à la situation d'urgence que constituent les réfugiés de la mer, ils devraient également profiter de la présence en Haïti de la Mission civile OEA/ONU pour la charger d'assurer, et parmi ses nombreuses activités d'enquête et d'information, un suivi méticuleux des faits qui ont trait au problème des réfugiés de la mer.

 

        La CIDH renouvelle sa volonté de coopérer étroitement avec l'Envoyé spécial et les Secrétaires généraux de l'ONU et de l'OEA, avec la Mission civile qui a été et est encore déployée à travers le territoire Haïtien, et avec toutes les autres organisations et entités internationales, afin de trouver une solution à la crise politique, en vue du rétablissement de la légitimité démocratique et du plein respect des droits de l'homme en Haïti.

 

Washington, D.C., le 11 mars 1993

 

 

 

                                                   ANNEXE IV    

 

                  PROTOCOLE ENTRE LE PRESIDENT JEAN-BERTRAND ARISTIDE

                      ET LA COMMISSION PARLEMENTAIRE DE NEGOCIATION

           EN VUE DE TROUVER UNE SOLUTION DEFINITIVE A LA CRISE HAITIENNE

 

 

                                                 Article premier  

 

        Les parties signataires de la présente reconnaissent et admettent le principe de la nécessité urgente d'une solution concertée et négociée à la crise politique et institutionnelle que traverse la société haïtienne depuis le départ pour l'exil du Président Jean-Bertrand Aristide le 30 septembre 1991, et que cette solution, pour être viable et durable, doit être recherchée dans le cadre du respect de la Constitution haïtienne, de la souveraineté nationale et conduire:

 

        a)       A la concorde nationale;

 

        b)       A la mise en place et la consolidation des institutions démocratiques;

 

        c)       A la mise en application de mesures devant garantir les libertés civiles, enrayer la répression et empêcher toute tentative de vengeance ou de règlements de compte.

 

 

                                                     Article II

   

        A toutes ces fins, les parties signataires s'engagent:

 

        1.       A encourager, consolider et respecter le principe de la séparation des pouvoirs, conformément à la Constitution et dans ce cadre, oeuvrer à la mise en place de mécanismes d'harmonisation et de collaboration pour faciliter l'établissement des institutions prévues par la Charte fondamentale;

 

        2.       A garantir les libertés civiles et faciliter le libre fonctionnement des partis politiques et organisations civiques dans le respect de la Constitution et des lois régissant lesdites organisations.

 

 

                                                    Article III  

 

        Les parties reconnaissent la nécessité pour le Parlement haïtien, codépositaire de la souveraineté nationale:

 

        1.       De réinstaurer Jean-Bertrand Aristide dans l'exercice de sa fonction de Président constitutionnel élu de la République d'Haïti et s'engager à aider le Gouvernement de consensus national à matérialiser les conditions du retour de Jean-Bertrand Aristide;

 

        2.       D'élaborer et voter les lois pour la mise en place des institutions prévues par la Constitution, notamment:

 

        a)       La loi sur les collectivités territoriales;

 

        b)       La loi sur la séparation de la police d'avec les forces armées;

 

        c)       La loi sur le fonctionnement de l'Office de la  protection du citoyen;

 

        3.       De faciliter, par les lois et règlements, l'application d'une politique de paix sociale et de relance économique.

 

 

                                                    Article IV

   

        Les parties reconnaissent la nécessité pour le Président Jean-Bertrand Aristide:

 

        1.       De respecter les actes posés ou ratifiés par le Parlement haïtien.  En cas de désaccord entre l'Executif et le Législatif, il sera possible à l'une ou à l'autre partie de se réferer à la Commission de conciliation, conformément à l'article 111-5 de la Constitution;

 

        2.       D'accepter que, pendant son absence, le Premier Ministre assume la direction des affaires de l'Etat conformément à l'article 148 de la Constitution.

   

                                                     Article V

 

 

        Les parties reconnaissent la nécessité:

 

        1.       De proclamer une amnistie générale, hormis les criminels de droit commun;

 

        2.       De s'abstenir de toute déclaration équivoque susceptible d'être interprétée comme une incitation à la violence;

 

        3.       D'accepter le nouveau Premier Ministre de consensus choisi par le Président Jean-Bertrand Aristide en consultation avec le Président du Sénat et le Président de la Chambre des députés;

 

        4.       De demander la levée de l'embargo et des sanctions prévue au chapitre II, paragraphe 4, de la résolution MRE/2/91 de l'OEA, immédiatement après la ratification du Premier Ministre et l'installation du Gouvernement de consensus national;

 

        5.       De reconnaître leur obligation de mettre en oeuvre toutes mesures nécessaires en vue de placer les institutions nationales dans le cadre qui leur permet de prendre toutes décisions de leur compétence, en toute liberté, sans faire les frais d'intervention violente, de menaces de violence de quelque force que ce soit;

 

        6.       De recommander au Parlement la ratification urgente de la demande du Président Jean-Bertrand Aristide à l'OEA, de l'envoi en Haïti de la mission civile OEA/DEMOC;

 

        7.       De demander à l'OEA et à la communauté internationale d'apporter une  aide urgente et substantielle au Gouvernement de consensus national pour  revitaliser l'économie haïtienne, promouvoir le bien-être social, professionnaliser les forces armées et la police et renforcer les institutions démocratiques

 

        8.       De refuser et condamner toute intervention de forces armées étrangères dans le règlement des affaires d'Haïti.

 

        FAIT DE BONNE FOI en triple original à Washington, D.C., le 23 février 1992.

 

 

 

 

        Ce protocole d'accord entrera immédiatement en vigueur après sa ratification par l'Assemblée nationale sur convocation de son Président.

 

 

                                                        Jean-Bertrand ARISTIDE

                                                Président de la République d'Haïti

 

                                                           Déjean BELIZAIRE

                                                Président du Sénat et de la Commission

                                                    parlementaire de négociation

 

                                                           Alexandre MEDARD

                                                Président de la Chambre des députés

                                                et Vice-Président de la Commission

                                                   parlementaire de négociation

 

   

 

 

 

                                                    ANNEXE V  

 

 

           PROTOCOLE D'ACCORD ENTRE LE PRESIDENT JEAN-BERTRAND ARISTIDE

              ET LE PREMIER MINISTRE DESIGNE, RENE THEODORE, SIGNE SOUS

                  LES AUSPICES DE L'ORGANISATION DES ETATS AMERICAINS

 

 

        Afin d'établir un climat de confiance, de restaurer l'ordre démocratique, de relancer l'économie nationale, de consolider les institutions et faciliter le retour au pouvoir du Président Jean-Bertrand Aristide:

 

        1.       Les parties soussignées reconnaissent, dans la mise en train de la restauration de l'ordre constitutionnel en Haïti, l'importance des résolutions MRE/RES.1/91 et MRE/RES.2/91 de la réunion ad hoc des ministres des relations extérieures des pays membres de l'OEA et de la résolution CP/RES.567 (870/91) du Conseil permanent de l'Organisation;

 

        2.       Elles reconnaissent, dans la mise en train de la restauration de l'ordre constitutionnel en Haïti, l'importance du protocole entre le Président  Jean-Bertrand Aristide et la Commission parlementaire de négociation en vue de trouver une solution définitive à la crise haïtienne;

 

        3.       Elles reconnaissent de même que le Président Jean-Bertrand Aristide jouit de façon pleine et entière de ses prérogatives constitutionnelles de chef d'Etat;

 

        4.       Les parties s'engagent à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir les libertés publiques et enrayer toutes répressions et représailles.  A cette fin, elles reconnaissent la nécessité du déploiement dans les plus brefs délais de la Mission civile OEA/DEMOC et des représentants de la Commission interaméricaine des droits de l'homme.  Elles exhortent les organisations internationales, notamment les Nations Unies, les organisations de défense des droits de l'homme et la presse internationale à ne pas mesurer leurs contributions à cet effort.

 

        5.       Les parties reconnaissent la nécessité de former un Gouvernement d'unité nationale, dont le programme sera élaboré -avec les partis politiques représentés au Parlement et qui adhèrent à ce Gouvernement- par le Premier Ministre conjointement avec le Président;

 

        6.       Autant pour respecter le vote du 16 décembre 1990 et les mandats y afférant que pour garantir la responsabilité du Premier Ministre quant à la formation de l'équipe gouvernementale, les parties conviennent que le Président et le Premier Ministre procéderont, en accord, au choix des titulaires des ministères;

 

        7.       Les párties reconnaissent la nécessité qu'une fois ratifié, le Premier Ministre travaille à créer les conditions de retour du Président Jean -Brertrand Aristide.  Dans l'intervale, le Premier Ministre s'engage à rencontrer le Président de la République, dans toute la mesure du possible, tous les 15  jours, pour évaluer la marche du Gouvernement et les conditions de retour.  Pour cette réunion, ils solliciteront du Secrétaire général de l'OEA  un rapport leur permettant d'évaluer l'assistance de cette institution quant au progrès du processus de retour.  Un mois après la ratification, le Président de la République, le Premier Ministre et le Secrétaire général se réuniront pour fixer les modalités de retour du Président de la République;

 

        8.       Le Président s'engage à fournir au Premier Ministre toute la collaboration et l'appui politique nécessaires à l'accomplissement de sa tâche conformément aux prescrits de la Constitution;

 

        9.       Les parties reconnaissent la nécessité de solliciter la levée de l'embargo et des autres sanctions contenues dans le chapitre I, paragraphe 4, de la résolution MRE/RES.2/91 de la Réunion ad hoc des ministres des relations extérieures des pays membres de l'OEA, sur demande formelle du Président Jean-Bertrand Aristide, une fois le Premier Ministre ratifié et le Gouvernement installé;

 

        10.      Les parties s'engagent à prêter une attention particulière à l'institution militaire en vue de sa professionnalisation et l'établissement de meilleures conditions matérielles et morales devant lui permettre de participer au processus démocratique et d'accomplir sa mission constitutionelle.

 

        11.  Les parties reconnaissent la nécessité d'oeuvrer auprès des pays membres de l'OEA et de l'ONU, des institutions internationales et de la communauté internationale en général, afin d'obtenir une aide d'urgence pour la reconstruction de l'économie de Haïti et les moyens techniques et financiers permettant le renforcement de ses institutions.

 

 

 

        FAIT DE BONNE FOI en triple original à Washington D.C., le 25 février 1992.

 

 

Jean-Bertrand ARISTIDE

 Président de la République d'Haïti

 

 

 René THEODORE

 Premier Ministre désigné

 

 

        SIGNE sous les auspices de l'Órganisation des Etats américains par

 

Joâo BAENA SOARES

Secrétaire général