COMMUNIQUE DE PRESSE

 

Nº 22/04

 

LA CIDH EXPRIME SES PREOCCUPATIONS PENDANT SA 121ème PERIODE REGULIERE DE SESSIONS CONCERNANT LA SITUATION ACTUELLE EN HAITI

 

 

            A la fin de sa 121ième Période Régulière de Sessions, la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) désire exprimer sa grave préoccupation concernant les développements ayant eu lieu dans la République d’Haïti depuis sa visite au pays au début du mois de septembre de cette année.

 

            Au cours des derniers mois, la Commission a continué de recevoir des informations concernant les développements récents dans la République d’Haïti, incluant des informations présentées par quelques organisations non gouvernementales haïtiennes lors d’une audience générale convoquée pendant la 121ième période régulière de sessions de la Commission.  Plus particulièrement, la Commission a reçu des informations concernant plusieurs actes sérieux de violence qui se sont produits depuis sa visite en Haïti au début du mois de septembre, plusieurs d’entre eux se déroulant dans le cadre de confrontations entre la police et des gangs illégalement armées.  Parmi ces atrocités la Commission note un incident particulièrement brutal, daté du 30 septembre 2004, où il est allégué que deux policiers auraient été tués par balles et ensuite décapités.  La Commission déplore ces actes violents et une fois de plus incite le gouvernement, en collaboration avec la communauté internationale, à prendre les mesures urgentes nécessaires pour garantir la sécurité de sa population en désarmant les groupes illégalement armés et d’enquêter, de poursuivre et de punir les responsables de ces meurtres et autres atrocités, peu importe leur auteur.  La Commission souhaite particulièrement souligner le besoin urgent d’accroître l’assistance internationale pour assurer la sécurité au pays et lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle renforce ses efforts à cet égard.

 

            De plus, la Commission est préoccupée par les allégations de plusieurs arrestations arbitraires et détentions au cours des deux derniers mois, incluant l’arrestation, en date du 2 octobre 2004, dans les locaux de Radio Caraïbes, du Président du Sénat Haïtien et de trois autres politiciens associés à l’ancien gouvernement haïtien, ainsi que l’arrestation et la détention, datées du 13 octobre 2004, du Père Gérard Jean Juste dans sa paroisse à Port-au-Prince.  A la lumière de ces informations, la Commission souligne l’importance de l’article 7 de la Convention Américaine des Droits de l’Homme, établissant la prohibition des détentions arbitraires et réitère l’obligation de l’Etat d’assurer que tous ses efforts d’enquête et de poursuite concernant ces crimes soient entrepris au moyen de procédures justes et efficaces qui sont conformes aux normes internationales établies relativement aux garanties judiciaires, incluant le droit d’un détenu d’être promptement informé de l’accusation ou des accusations portées contre lui et du droit d’être traduit sans délais devant un juge.

 

            De plus, des allégations ont été présentées devant la Commission concernant le traitement des défenseurs des Droits de l’Homme, des journalistes et des médias qui continuent d’être victimes d’intimidation, de menaces et d’autres actes de violence.  Parmi ces incidents notons le meurtre, en date du 13 septembre 2004, du Révérend Moleste Lovinsky Bertomieux, animateur d’un programme quotidien sur les ondes de Radio Caraïbe.  La Commission a souligné à maintes reprises que si des actes de violence et de coercition de cette nature demeurent impunis, les défenseurs des Droits de l’Homme continueront de se retrouver dans une situation de vulnérabilité les empêchant de réaliser leur travail de manière efficace.  Par conséquent, la Commission exhorte le gouvernement de mettre en place tous les moyens nécessaires pour enquêter, poursuivre et prévenir des incidents de cette nature.

           

            En dernier lieu, la Commission désire exprimer son empathie pour les victimes de la Tempête Tropicale Jeanne, plus particulièrement dans la ville de Gonaïves située au nord du pays, où il est rapporté que plus de 2,000 personnes ont été tuées ou portées disparues.  En lien avec cette situation, la Commission désire aussi dénoncer les actes des groupes armés et des gangs qui, selon les informations obtenues, ont empêché la délivrance d’aide humanitaire aux victimes atteintes par ce désastre, et incite la communauté internationale de continuer à fournir l’appui nécessaire au gouvernement et au peuple haïtien pour qu’ils puissent surmonter les effets dévastateurs de cette catastrophe.

 

            La Commission continuera de suivre de près le déroulement des évènements en Haïti et demeure disponible dans le cadre de son mandat,  pour assister le gouvernement et la population d’Haïti à surmonter ces défis difficiles.

 

Washington D.C. 28 octobre, 2004