COMMUNIQUĖ DE PRESSE

Nº 14/06

 

LA CIDH EXPRIME SA PRĖOCCUPATION

Concernant LA SITUATION DE DROITS DE L’HOMME EN HAITI

 

La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a présenté son rapport annuel, lequel a consacré une section à la situation des droits humains en Haïti. La CIDH y a réitéré sa préoccupation concernant l’augmentation continue de la violence en Haïti au cours de la période étudiée.  

 

Le rapport de la Commission, basé principalement sur les informations collectées pendant les visites de la Commission en Haïti aux mois d’avril, juin, et novembre 2005, fait état d’une nouvelle détérioration des conditions en Haïti, due principalement à l’augmentation de la violence par des groupes et des gangs armés, conjuguée à l’impossibilité pour le gouvernement  d’assurer la sécurité de la population à travers le pays avec l’assistance internationale.

 

De plus, le rapport a constaté que même si quelques efforts ont été engagés pour appréhender les criminels, le fait de n’avoir pu désarmer les groupes et les gangs illégaux en Haïti préoccupe vivement la Commission, non seulement en raison de la menace immédiate que la violence correspondante représente pour la vie et l’intégrité physique des haïtiens, mais aussi parce que l’avenir du pays dépend dans une large mesure du succès des efforts dans le domaine de la sécurité. 

 

Faute d’une véritable maîtrise de la situation sécuritaire par l’État, les défenseurs des droits de la personne, les journalistes et les personnes ciblées en raison de leurs opinions politiques, ainsi que d’autres acteurs clés pour l’exercice de la démocratie, demeureront en péril, affaiblissant ainsi les perspectives d’élections complètes et libres, ainsi que les possibilités de coopération internationale et de développement à long terme du pays.

 

La Commission exprime sa préoccupation par rapport à la situation des femmes, des enfants, des défenseurs des droits humains, des journalistes, et des victimes de violence et de mauvais traitements en raison de leur opinion politique.

 

Les informations recueillies au cours de réunions avec des groupes de défense des droits des femmes en avril et juillet, révèlent une augmentation du nombre de cas d’abus et de violence sexuelle contre les femmes et les jeunes du fait des actes d’enlèvement et de vol commis par des groupes armés, ainsi que des cas de fourniture forcée de services sexuels par les victimes aux membres des groupes armés. La CIDH exprime également sa préoccupation eu égard aux faits que la majorité des victimes sont des femmes et des enfants et que la plupart d’entre eux ne portent pas plainte auprès des autorités, ce qui rend difficilie de déterminer avec précision la fréquence de ces actes, et de plus, contribue à l’impunité dans le pays. La CIDH condamne ces incidents et souligne une fois encore l’obligation de l’Etat de mener des enquêtes et punir les responsables de ces actes.

 

La Commission indique avoir été informée, pendant sa visite en Haïti en novembre 2005, de l’existence d’actes d’assassinat, d’utilisation d’enfants par des bandes armées, de traite, d’enlèvement, d’abus, d’arrestation et de détention arbitraire, et de la violence générale commise par les bandes armées.

 

La Commission exprime également sa préoccupation suite à la réception de graves plaintes de traite d’enfants, de domesticité des enfants (restaveks), d’agressions et d’exploitation sexuelle et d’autres formes d’emploi dégradantes.

 

La CIDH souligne sa préoccupation particulière concernant les violations des droits des enfants, et note que la violence en Haïti a eu des conséquences particulièrement importantes pour 2, 000 enfants des rues à Port-au-Prince et 120 000 filles qui travaillent comme domestiques à travers le pays, plusieurs entre eux ayant été victimes de meurtre, de violence sexuelle, d’enlèvements, et ayant été recrutés dans des gangs armés. Ainsi que la Commission l’a observé précédemment, les enfants figurent parmi les membres les plus vulnérables de nos sociétés et ont droit à une protection spéciale de la part de l’État pour que leurs droits soient sauvegardés.

 

Compte tenu de ces éléments, la Commission demande de nouveau au gouvernement de prendre les mesures d’urgence nécessaires, conformes aux principes et normes internationales en matière de droits de la personne pour contrôler la situation en matière de sécurité en Haïti, et lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle redouble ses efforts d’assistance au gouvernement dans cette tâche.

 

La Commission continuera de suivre étroitement les événements en Haïti, et d’assister le gouvernement et la population de manière constante.

 

 

 

Washington D.C., 2 mai 2006